Aujourd’hui j’avais envie de vous parler de La Petite Boutique et de vous présenter les jolies créations de deux jeunes entrepreneuses installées dans le vieil Angoulême, au 10 rue Ludovic Trarieux.
En déambulant il y a quelques mois dans les petites rues pavées d’Angoulême, j’ai découvert, tout près du Palais de justice, une jolie petite boutique de bijoux et d’illustrations. J’ai poussé la porte et fait la rencontre de Laure, créatrice de bijoux fantaisie, et de Margot, illustratrice.
Je suis tombée sous le charme de leur Petite Boutique, à la décoration simple, naturelle et élégante, et de leurs créations tout en finesse et en poésie. C’est l’endroit idéal pour choisir un bijou à offrir à son amoureuse ou une planche d’illustration pour décorer une chambre bohème.
C’est donc tout naturellement que je leur ai proposé de raconter sur le blog leur parcours, leur histoire artistique et leurs réalisations, à travers une interview de chacune d’elle.
Je vous laisse découvrir ces deux jeunes working girls passionnées par leur art et pleines d’idées.
Quelques questions à Laure
Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?
Bonjour, je m’appelle Laure, j’ai 26 ans. J’ai d’abord fait des études dans le cinéma. Puis, c’est après avoir découvert la gravure d’estampes sur cuivre et zinc lors de mon année en classe de prépa pour préparer les concours des beaux-arts, que je me suis aperçue que j’avais une sensibilité pour le métal. J’avais envie d’apprendre à maîtriser cette matière. Je me suis donc orientée, après un bref passage aux Beaux Arts d’Angers, vers un CAP arts et technique de la bijouterie joaillerie, que j’ai effectué en alternance au sein de la maison Cartier et la Haute École de Joaillerie à Paris. J’ai complété ce diplôme par une mention complémentaire en Joaillerie.
Pourquoi as-tu choisi d’être créatrice de bijoux ?
Le bijou permet de travailler le métal en volume. C’était pour moi l’occasion de découvrir de nouvelles techniques que je n’avais pas eu encore pu aborder. J’ai longtemps hésité avec un CAP en coutellerie, qui m’aurait tout autant plu je pense. L’approche est un peu différente. Mais ce que j’affectionne dans le bijou, c’est son échelle de travail qui requiert à la fois précision, minutie, et rigueur. J’essaie toutefois de m’en détacher pour apporter plus de spontanéité dans mon travail. La stimulation créative est permanente tellement il existe de techniques différentes. On est sur des métiers où l’on peut apprendre durant toute notre carrière , que ce soit en bijouterie-joaillerie ou dans l’artisanat d’art en général. Il y a cette notion de transmissions et de partages avec les anciens qui est primordiale et nécessaire . Quelque part aussi, rassurante.
Quel est le premier bijou que tu as créé ?
Ce n’était pas vraiment un bijou, mais une petite boite carrée de deux cm de côtés, avec un système à charnière et un cliquetage pour la fermeture. Il y avait un motif d’arbres en repercé sur le dessus. Le métal s’était oxydé en arrière plan, laissant apparaître des couleurs d’automne, ce qui était en parfait harmonie avec mon dessin (ce n’était pas volontaire, mais ce sont les belles surprises que la matière peut parfois nous faire). C’était un exercice que mon premier maître d’apprentissage m’avait fait faire, quelques mois après mes débuts au sein de l’atelier. J’avais adoré faire ce petit objet.
Quels matériaux utilises-tu pour tes créations ?
Pour le moment, j’utilise du laiton que je fais doré par électrolyse à l’or fin, ou bien palladié (une couche de palladium autour du laiton). Mais je vais bientôt avoir un nouvel atelier, qui va me permettre d’avoir mon poinçon de maître et grâce à ça, travailler les métaux précieux comme l’argent ou l’or.
J’utilise aussi des pierres fines, mais je préfère mettre en valeur le métal. Enfin ça dépend de ce que j’ai en tête. Je pense utiliser plus tard des matières que l’on ne voit pas forcément en bijouterie « traditionnelle » comme le granit par exemple. C’est encore à travailler…
Parles-nous de La petite boutique, comment est né ce projet ?
La Petite Boutique n’était pas forcément prévue. Au départ, on voulait juste faire un espace éphémère pour vendre nos créations durant les fêtes de fin d’année avec Margot et Mathilde, qui créait des meubles à partir de récupération. Mais on a trouvé cet espace en plein cœur du vieil Angoulême, et on a sauté sur l’occasion. C ‘est petit, comme son nom l’indique, mais nous n’avons pas forcément besoin de plus. C’est ce qui fait aussi son charme.
Comment est née la Marque Laörée ?
J’ai eu une superbe formation au sein de la maison Cartier. J’ai pu voir des pièces magnifiques. Mais dans les grandes maisons, le designer imagine le bijou et le joaillier le fabrique juste. A la base, je suis quand même une créative, et j’avais besoin de dessiner et réaliser les pièces que j’imaginais. C’est à partir de là qu’est née cette idée de créer Laörée : une marque de bijoux fantaisie ; des bijoux intemporels, dont on ne se lasse jamais, qui allient finesse et délicatesse. J’ai appris à faire des choses plus complexes, mais j’adore dénicher les matières chez les fournisseurs, imaginer des collections. Après, il y a toute la partie gestion de l’entreprise qui est hyper formatrice. On est confronté à des situations qui nous font grandir. C’est une belle expérience.
Quels sont tes prochains projets ?
Je vais bientôt m’installer dans mon nouvel atelier-concept store à Montbron, où j’aurai une galerie orientée art et artisanat d’art. Je suis vraiment impatiente, car je vais enfin pouvoir mettre en oeuvre des créations plus abouties, plus complexes… C’est une démarche différente de Laörée, mais complémentaire. Je vais donc aussi m’orienter vers du bijou d’artiste, ou du bijou contemporain : j’adore les lignes épurées et minimalistes. Mais j’ai pas mal d’idées pour des pièces beaucoup plus volumineuses…pas mal de collaborations avec d’autres artisans d’art en vue. Les choses se mettent en place plus vite que je ne le pensais, c’est assez stimulant.
Quelques questions à Margot
Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?
Après des études en arts plastiques et histoire de l’art à Angoulême puis Bordeaux, j’ai continué pendant deux ans en école d’art dans une section « Dessin narratif » à Nantes. Je suis finalement revenue à Angoulême pour terminer mes études par une formation professionnelle en Storyboard. Je me suis lancé en freelance à la fin de mes études à 21 ans. Aujourd’hui à 25 ans je partage La Petite Boutique avec Laure pour présenter mon travail et mes illustrations et je travaille en parallèle dans le monde du cinéma d’animation.
Parles-nous de ton univers, quelle(s) histoire(s) raconte(nt) tes illustrations ?
J’utilise principalement l’encre de chine et les pastels secs. Je travaille beaucoup autour de la féminité, l’élégance, la douceur. On retrouve principalement dans mes illustrations des femmes, des animaux et des fleurs. Ça c’est mon domaine de prédilection, mais je dessine plein de choses différentes et notamment des hommes parfois ! 😉
J’essaie au maximum de laisser les personnes trouver l’histoire dans mes illustrations. Qu’elles se racontent d’elles même et qu’elles puissent être universelles.
Quelle est celle de tes illustrations qui te représente le plus ?
Différentes illustrations me représentent à diffèrent moment de ma vie. C’est difficile de choisir une seule illustration. Mais un motif qui revient très souvent pour moi c’est le chat noir, j’ai une passion pour les chats et un amour de chat noir à la maison ! Ce sont des animaux que j’admire car ils combinent un peu tout ce dont j’ai parlé auparavant : féminité, élégance, douceur. Mais également un côté fort et sauvage !
Tu utilises plusieurs techniques pour réaliser tes illustrations
J’utilise principalement l’encre de chine, j’aime particulièrement le contraste entre le noir de l’encre et le blanc du papier. Je l’associe la plupart du temps avec des pastels secs quand je veux donner un peu de couleur. Le pastel donne de la texture à la fois forte ou douce selon si l’on estompe ou non. Associer l’encre lisse et le pastel texturé donne du relief à mes dessins.
J’utilise également de l’aquarelle quand je veux vraiment entrer dans un univers doux comme pour les livres pour enfants que j’ai autoédités.
Plus récemment je me suis mise à explorer d’autres techniques, par exemple l’encre dorée ou les fleurs séchées que j’ajoute à mes illustrations.
Tu as créé une série de livres « muets ». Parles-nous de ce concept :
Je me suis inspiré de mon travail dans le cinéma d’animation et j’ai créé des livres sans textes dont les images racontent l’histoire un peu comme un flipbook. Les enfants ou les parents peuvent inventer la narration avec leurs propres mots, ils peuvent dessiner ou écrire s’ils en ont envie. Mes 4 premiers livres sont sur le thème des saisons. Un animal et un continent différent sont mis à l’honneur dans chaque livre. On retrouve « C’est l’hiver en Alaska », « C’est le printemps au Japon », « C’est l’été en Afrique » et « C’est l’automne en Angleterre » avec respectivement un ours blanc, un héron, une girafe et un blaireau.
Peut-on trouver tes illustrations et tes livres muets ailleurs qu’à la petite boutique ?
Oui on peut retrouver mes illustrations et mes livres au café le Buveur d’Encre à Angoulême. Mes livres sont également tous disponible sur Amazon, Fnac et tous les grands libraires…
J’ai également une boutique en ligne : margotlth.bigcartel.com où j’y présente des illustrations ou des ventes spéciales.
Sinon on peut me retrouver moi dans différents lieux d’Angoulême pour des dédicaces ou des ateliers dessin. 🙂
Quels sont tes prochains projets ?
En ce moment je
travaille sur un nouveau projet de livre, mais pour adulte cette
fois. Plutôt considéré comme un artbook, il sera sur le thème du
tatouage.
Un autre gros projet qui me tient à cœur est une série animée sur le thème de la féminité. J’espère voir mes illustrations bouger un jour !
Si vous avez envie d’y faire un tour, La Petite Boutique est située 10 rue Ludovic Trarieux à Angoulême.
Margot et Laure ont également créé une page instagram sur laquelle vous pouvez suivre les événements de la boutique.